La presse a offert un écho
inattendu à la petite « taquinerie » de l’échevin du commerce
d’Ottignies-LLN, Cédric du Monceau, autour d’un projet de centre commercial
près de Walibi. Réponse du berger ottintois à la gardienne de moutons wavriens qui
avait envoyé ses boucs pour contrer l’extension de l’Esplanade de
Louvain-la-Neuve.
Wavre-Ottignies, c’est une
vieille histoire. Au milieu du 19e siècle il fallait choisir :
faire passer le chemin de fer de Londres-Bruxelles vers Trieste et Bombay, un
des tracés de la fameuse « malle des Indes », par Wavre ou par Ottignies.
La Hulpe-Gembloux via Wavre était plus long, nécessitait des travaux importants
(un viaduc ?) pour passer à Wavre en hauteur. Faute d’argent la compagnie
opta pour Ottignies malgré les barouds d’honneur de Wavre réclamant une ligne
directe avec Bruxelles.
Avec l’arrivée de l’UCL en
Brabant Wallon, ce fut Wavre qui refusa un immense cadeau. Dans les années 60
Woitrin espérait une implantation d’un nouveau site universitaire au Nord de
Wavre. C’était bien plus près de Bruxelles (10 minutes d’Auderghem), et cela
aurait resserré le triangle Bruxelles-Leuven-Canton de Wavre. Malgré les
insistances Wavre refusa. Pour des motifs électoraux ? La crainte de voir
une majorité mise en péril par l’arrivée massive d’universitaires catholiques
qui auraient certainement voté PSC !? On ne savait pas qu’il y aurait un
jour un parti écolo.
De toute façon Wavre estimait
qu’elle jouirait d’un monopole séculaire sur le commerce de la région. De fait,
pendant des décennies depuis 1972, Wavre a pompé la clientèle de LLN. Avec son
GB-Carrefour et les surfaces spécialisées associées, et dernièrement avec un
Decathlon hors les murs. Le marché de Wavre (le mercredi et le samedi) reste un
marché très animé, attractif aussi pour échoppiers et clients proches de la
frontière linguistique (celui de LLN n’a jamais approché cette ambiance).
Par contre les pionniers de l’UCL
wallon dans les années 70 ont été déçus par le manque d’adaptation des petits
commerces et restaurants wavriens. Heures d’ouverture inchangées, relations
commerçants-clients très traditionnelles. Et cette Galerie des Carmes qui n’a
jamais vraiment fonctionné !
À Louvain-la-Neuve on s’est rendu
compte que développer le commerce sur place était une nécessité. La supérette de
1972 et les petits magasins étaient trop dépendants des cycles universitaires, et
souffraient du vide des samedis et des vacances.
Un Aldi s’installa Place de
l’Accueil sous les Halles Universitaires et face à la gare. Des étudiants
l’identifiaient comme un petit commerce local. Pas si local que cela ! Le
patron Albrecht est l’homme le plus riche d’Allemagne et son nom se dissimule
dans les syllabes initiales d’Albrecht-Discount. À l’arrivée de Delhaize, Aldi
disparut pendant un temps et les clients obtinrent une navette vers l’Aldi de
Chaumont-Gistoux ainsi que la promesse d’un nouveau magasin près du Boulevard
du Sud de LLN. Ce qui fut fait après plusieurs années. LLN ne dispose donc que de
deux surfaces moyennes à rayons multiples.
C’est avec le développement de
l’axe Charlemagne-Esplanade que le commerce néolouvaniste connut son
épanouissement. Personne ne voulait investir sur cette coûteuse dalle de
Louvain-la-Neuve et les promoteurs préféraient des immeubles de prestige côté
lac qu’avec vue sur la Nationale 4. La mode pour les centres commerciaux était de
grands terrains en zone agricole avec de vastes parkings en surface. LLN était
directement menacée par un tel projet, entre l’autoroute E411 et la Nationale
4, avec pendant des décennies l’obligation de prendre la voiture pour effectuer
des achats. Un urbanisme régional non contrôlé transformait petit à petit la
Nationale 4 de Wavre à Gembloux en une tuyauterie alimentant çà et là des
commerces dessinés comme des boîtes à chaussures. Voir les alentours du
carrefour de Corbais.
Heureusement, à l’invitation des
bâtisseurs de LLN, un promoteur, Peter Wilhelm, accepta de déplacer son projet vers
le centre de la ville. Ouf ! C’est la formule qui permet de ne pas
assécher les commerces d’un centre urbain et plutôt de les soutenir. Il est
vrai que tout le monde n’a pas la même analyse.
Alors Wavre a-t-elle perdu avec
l’arrivée de Louvain-la-Neuve ? Le territoire central du Brabant wallon
s’est développé de façon étonnante et tout le monde en a profité. Le Douaire,
qui avait connu, au moment de sa construction, la même opposition que l’Esplanade
avec la Plateforme citoyenne de LLN doit trouver sa spécificité. De la gare
d’Ottignies on est aussi vite au « Carrefour » de Wavre qu’à
l’Esplanade de LLN.
Wavre et Ottignies-LLN sont des
villes d’un peu plus de 30.000 habitants. Wavre a reçu le titre de capitale du
Brabant Wallon, possède un parc d’attraction né à peu près en même temps que la
ville universitaire, héberge de grandes surfaces commerciales plus grandes que
celles abritées à l’Esplanade, … Avec la création prochaine du quartier
Athena-Ornoi au Nord de LLN, les deux villes établiront la jonction avec des
bâtiments de façon continue sur le triangle Wavre-LLN-Ottignies-sur-Dyle. On se
retrouvera bientôt avec une conurbation avec comme Central Park, le Bois de Lauzelle.
De plus avec la transformation
urbaine du site sidérurgique historique Henricot de Court-Saint-Étienne, collé
à Mousty-Ottignies, le développement de quartiers d’habitations et de commerces
entre Court et Mont-Saint-Guibert, et l’extension de l’Axis Park jouxtant le
parc scientifique de LLN, on assiste à la formation d’une grande entité du
Brabant Wallon centre, une Brabance nouvelle. Peut-être un jour avec une
reconnaissance plus officielle de cette entité sociologique.
Il sera important qu’elle soit
multifocale, avec une optimisation dans la répartition des fonctions, et une
amélioration de la mobilité.
Ni Ottignies ni Wavre ne seront
plus des concurrents pour la « Malle des Indes », seulement des
haltes sur les voies de fer ou de béton entre le Nord-Ouest et le Sud-Est de
l’Europe. Des villes complémentaires.
(Journal des Chemins de fer 1846)
A la même époque, il y avait un projet de canal pour joindre Leuven à la Sambre et qui serait passé sur les hauteurs sud de Wavre (actuel Louvain-la-Neuve). Mais le chemin de fer concurrent se montrait plus souple. Maintenant on a permis à la Dyle de rejoindre son lit.
RépondreSupprimerY a-t-il des documents sur l'opposition au Douaire ?
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