jeudi 3 août 2017

Ottignies-Wavre une histoire plus vieille que celle de l'Esplanade



La presse a offert un écho inattendu à la petite « taquinerie » de l’échevin du commerce d’Ottignies-LLN, Cédric du Monceau, autour d’un projet de centre commercial près de Walibi. Réponse du berger ottintois à la gardienne de moutons wavriens qui avait envoyé ses boucs pour contrer l’extension de l’Esplanade de Louvain-la-Neuve.

Wavre-Ottignies, c’est une vieille histoire. Au milieu du 19e siècle il fallait choisir : faire passer le chemin de fer de Londres-Bruxelles vers Trieste et Bombay, un des tracés de la fameuse « malle des Indes », par Wavre ou par Ottignies. La Hulpe-Gembloux via Wavre était plus long, nécessitait des travaux importants (un viaduc ?) pour passer à Wavre en hauteur. Faute d’argent la compagnie opta pour Ottignies malgré les barouds d’honneur de Wavre réclamant une ligne directe avec Bruxelles.

Avec l’arrivée de l’UCL en Brabant Wallon, ce fut Wavre qui refusa un immense cadeau. Dans les années 60 Woitrin espérait une implantation d’un nouveau site universitaire au Nord de Wavre. C’était bien plus près de Bruxelles (10 minutes d’Auderghem), et cela aurait resserré le triangle Bruxelles-Leuven-Canton de Wavre. Malgré les insistances Wavre refusa. Pour des motifs électoraux ? La crainte de voir une majorité mise en péril par l’arrivée massive d’universitaires catholiques qui auraient certainement voté PSC !? On ne savait pas qu’il y aurait un jour un parti écolo.

De toute façon Wavre estimait qu’elle jouirait d’un monopole séculaire sur le commerce de la région. De fait, pendant des décennies depuis 1972, Wavre a pompé la clientèle de LLN. Avec son GB-Carrefour et les surfaces spécialisées associées, et dernièrement avec un Decathlon hors les murs. Le marché de Wavre (le mercredi et le samedi) reste un marché très animé, attractif aussi pour échoppiers et clients proches de la frontière linguistique (celui de LLN n’a jamais approché cette ambiance).

Par contre les pionniers de l’UCL wallon dans les années 70 ont été déçus par le manque d’adaptation des petits commerces et restaurants wavriens. Heures d’ouverture inchangées, relations commerçants-clients très traditionnelles. Et cette Galerie des Carmes qui n’a jamais vraiment fonctionné !

À Louvain-la-Neuve on s’est rendu compte que développer le commerce sur place était une nécessité. La supérette de 1972 et les petits magasins étaient trop dépendants des cycles universitaires, et souffraient du vide des samedis et des vacances.

Un Aldi s’installa Place de l’Accueil sous les Halles Universitaires et face à la gare. Des étudiants l’identifiaient comme un petit commerce local. Pas si local que cela ! Le patron Albrecht est l’homme le plus riche d’Allemagne et son nom se dissimule dans les syllabes initiales d’Albrecht-Discount. À l’arrivée de Delhaize, Aldi disparut pendant un temps et les clients obtinrent une navette vers l’Aldi de Chaumont-Gistoux ainsi que la promesse d’un nouveau magasin près du Boulevard du Sud de LLN. Ce qui fut fait après plusieurs années. LLN ne dispose donc que de deux surfaces moyennes à rayons multiples.

C’est avec le développement de l’axe Charlemagne-Esplanade que le commerce néolouvaniste connut son épanouissement. Personne ne voulait investir sur cette coûteuse dalle de Louvain-la-Neuve et les promoteurs préféraient des immeubles de prestige côté lac qu’avec vue sur la Nationale 4. La mode pour les centres commerciaux était de grands terrains en zone agricole avec de vastes parkings en surface. LLN était directement menacée par un tel projet, entre l’autoroute E411 et la Nationale 4, avec pendant des décennies l’obligation de prendre la voiture pour effectuer des achats. Un urbanisme régional non contrôlé transformait petit à petit la Nationale 4 de Wavre à Gembloux en une tuyauterie alimentant çà et là des commerces dessinés comme des boîtes à chaussures. Voir les alentours du carrefour de Corbais.

Heureusement, à l’invitation des bâtisseurs de LLN, un promoteur, Peter Wilhelm, accepta de déplacer son projet vers le centre de la ville. Ouf ! C’est la formule qui permet de ne pas assécher les commerces d’un centre urbain et plutôt de les soutenir. Il est vrai que tout le monde n’a pas la même analyse.

Alors Wavre a-t-elle perdu avec l’arrivée de Louvain-la-Neuve ? Le territoire central du Brabant wallon s’est développé de façon étonnante et tout le monde en a profité. Le Douaire, qui avait connu, au moment de sa construction, la même opposition que l’Esplanade avec la Plateforme citoyenne de LLN doit trouver sa spécificité. De la gare d’Ottignies on est aussi vite au « Carrefour » de Wavre qu’à l’Esplanade de LLN.

Wavre et Ottignies-LLN sont des villes d’un peu plus de 30.000 habitants. Wavre a reçu le titre de capitale du Brabant Wallon, possède un parc d’attraction né à peu près en même temps que la ville universitaire, héberge de grandes surfaces commerciales plus grandes que celles abritées à l’Esplanade, … Avec la création prochaine du quartier Athena-Ornoi au Nord de LLN, les deux villes établiront la jonction avec des bâtiments de façon continue sur le triangle Wavre-LLN-Ottignies-sur-Dyle. On se retrouvera bientôt avec une conurbation avec comme Central Park, le Bois de Lauzelle.  

De plus avec la transformation urbaine du site sidérurgique historique Henricot de Court-Saint-Étienne, collé à Mousty-Ottignies, le développement de quartiers d’habitations et de commerces entre Court et Mont-Saint-Guibert, et l’extension de l’Axis Park jouxtant le parc scientifique de LLN, on assiste à la formation d’une grande entité du Brabant Wallon centre, une Brabance nouvelle. Peut-être un jour avec une reconnaissance plus officielle de cette entité sociologique.

Il sera important qu’elle soit multifocale, avec une optimisation dans la répartition des fonctions, et une amélioration de la mobilité.

Ni Ottignies ni Wavre ne seront plus des concurrents pour la « Malle des Indes », seulement des haltes sur les voies de fer ou de béton entre le Nord-Ouest et le Sud-Est de l’Europe. Des villes complémentaires.


(Journal des Chemins de fer 1846)

2 commentaires:

  1. A la même époque, il y avait un projet de canal pour joindre Leuven à la Sambre et qui serait passé sur les hauteurs sud de Wavre (actuel Louvain-la-Neuve). Mais le chemin de fer concurrent se montrait plus souple. Maintenant on a permis à la Dyle de rejoindre son lit.

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  2. Y a-t-il des documents sur l'opposition au Douaire ?

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